La Misère

DESBOIS Jules
La Misère La Misère

La Misère

DESBOIS Jules (1851-1935)
1884 - 1894 Plâtre patiné H. 38,5 cm • L. 26 cm • Pr. 16 cm Origine : Achat en 2012 N° d'inventaire : 2012.1 Copyright : musée Camille Claudel / Marco Illuminati

La Misère a été réalisée entre 1884 et 1894 par Jules Desbois, sculpteur qui a été praticien d’Auguste Rodin et l’a assisté.

Au-delà d’une simple représentation de vieille femme, l’œuvre est une allégorie de la misère, comme en témoignent le titre et le corps flétri par le temps, que la femme tente désespérément de cacher. Absente, la personne se recroqueville, car le seul tissu qu’elle possède désormais est un haillon qui ne peut plus la couvrir. Lorsque vous viendrez au musée, contemplez cette vieille femme. Vous discernerez sous ce reste de chair le squelette du personnage. Et vous trouverez la femme émouvante.

Le modèle de La Misère se nommait Maria Caira, était italienne et a également posé pour Auguste Rodin et Camille Claudel. Il y eut des légendes autour d’elle. C’est probablement Rodin qui l’a recommandée à Desbois, mais l’inverse, plus contestable, a également été avancé. Une version aussi amusante qu’invraisemblable est contée par Octave Mirbeau : le modèle de 82 ans serait venu d’Italie à pied voir son fils une dernière fois. Ces hypothèses témoignent surtout de l’intérêt que suscite la personne cachée derrière les personnages incarnés.

Enfants et adolescents emploient régulièrement le terme « bizarre » lorsqu’il leur est demandé ce qu’ils pensent de La Misère. Pourquoi le sculpteur représente-t-il une personne qu’ils jugent repoussante ? Ils ne conçoivent pas qu’une œuvre puisse être belle parce qu’elle exalte la vieillesse avec une telle justesse. En regardant cette sculpture, l’affirmation de Rodin rapportée par Paul Gsell, critique et écrivain, prend tout son sens : « Ce qu’on nomme communément laideur dans la nature peut dans l’art devenir d’une grande beauté. » L’art est effectivement l'une des manières de saisir la beauté de la vieillesse.