1876 - 1881 : Une vocation précoce


C’est à Nogent-sur-Seine que la jeune Camille commence à se passionner pour le modelage et reçoit les premières leçons de sculpture d’Alfred Boucher, impressionné par sa vocation précoce. Cette rencontre est déterminante pour son avenir.


Installation à Nogent-sur-Seine

À l'automne 1876, Louis-Prosper Claudel est promu conservateur des hypothèques à Nogent-sur-Seine. Le couple et ses trois enfants s’installent pour trois ans dans une maison bourgeoise du XVIIIe siècle qui abrite désormais une partie des collections du musée. 
Camille a douze ans, Louise dix ans et Paul, huit ans. Leur éducation est confiée à un précepteur, Monsieur Colin, qui leur délivre un solide enseignement classique.  C’est à Nogent-sur-Seine que Camille Claudel modèle ses premières figures en terre, aujourd’hui disparues : David et Goliath, Bismarck, Napoléon.   Le premier biographe de l’artiste, Mathias Morhardt, résume ces années fondatrices (« Mademoiselle Camille Claudel », Mercure de France, 1898) :  
« Entre deux leçons de grammaire, d'arithmétique ou d'histoire, cet atelier [la maison familiale] est le centre de l'activité générale. Aidée par sa sœur cadette et par son jeune frère [...], Mademoiselle Claudel y gouverne en souveraine. C'est sous sa direction, et tandis qu'elle tord fiévreusement des boulettes, que l'un bat la terre à modeler, que l'autre gâche le plâtre, cependant qu’un troisième pose comme modèle [...] À cette époque, elle n'a pris encore aucune leçon soit de dessin, soit de modelage. Elle n'a d'autre idée sur le nu que celle que lui fournissait son écorché, et quelques gravures de livres anciens. N'importe, avec un miraculeux esprit d'entreprise elle le constitue tel qu'il lui semble qu'il doit être […] Tout ce qu'elle lit lui inspire des motifs de sculpture. ».  

 

Rencontre avec Alfred Boucher

Dès ses douze ans, Camille Claudel montre des dispositions étonnantes pour la sculpture. Son père, troublé par cette vocation si précoce, demande conseil, probablement par l'intermédiaire du précepteur de ses enfants, au sculpteur Alfred Boucher. Celui-ci décèle les aptitudes de la jeune fille, lui enseigne les rudiments de la sculpture et lui prodigue des conseils. Il vient de remporter le Second Prix de Rome de sculpture et son jugement fait autorité aux yeux de Louis-Prosper Claudel. Cette rencontre s’avère décisive pour l’avenir de jeune fille farouchement déterminée à devenir sculpteur. En effet, sur ses conseils, elle parvient à convaincre ses parents de s’installer à Paris. Cette décision nécessite une grande force de caractère. Être femme et sculpteur sonne comme un défi en cette fin du XIXe siècle où la carrière artistique est rarement compatible avec une vie de famille.