1881 - 1885 : L’arrivée à Paris et la rencontre avec Auguste Rodin, un tournant décisif


Après Alfred Boucher, Auguste Rodin est séduit par le talent exceptionnel de sa nouvelle élève. A dix-neuf ans, Camille Claudel entre dans son atelier comme assistante et devient rapidement sa collaboratrice, sa maîtresse, son modèle et sa muse.


Installation et apprentissage à Paris

En 1881, Louise-Athanaïse Claudel s’installe avec ses trois enfants à Paris au 135, boulevard du Montparnasse. Paul entre au lycée Louis-le-Grand. Camille, ne pouvant intégrer l’École nationale des beaux-arts (interdite aux femmes jusqu’en 1897), suit quant à elle des cours de sculpture à l’académie Colarossi, 10 rue de la Grande-Chaumière.  
En 1882, la famille déménage au 111, rue Notre-Dame-des-Champs. Camille Claudel loue un atelier, au numéro 117 de la même rue, dont elle partage le loyer avec d’autres jeunes filles : Thérèse Caillaux, Madeleine Jouvray, Sigrid af Forselles et, plus tard, les Anglaises Amy Singer, Emily Fawcett puis Jessie Lipscomb. Alfred Boucher vient une fois par semaine corriger leurs travaux. De cette époque date l’élaboration du buste de La Vieille Hélène. Dans sa facture naturaliste, on perçoit l’influence des leçons d’Alfred Boucher et déjà tout le talent de portraitiste de Camille Claudel. 
Le Prix du Salon lui offrant l’opportunité d’un voyage d’étude en Italie, Boucher part à l’automne 1882 pour Florence. Rodin accepte de prendre le relais de son ami dans l’atelier de la rue Notre-Dame-des-Champs. Cité parmi les maîtres de la jeune sculptrice dans les livrets des Salons, Paul Dubois, originaire de Nogent-sur-Seine et directeur de l’École des Beaux-Arts, est également présenté par Alfred Boucher à sa jeune élève. Le rôle joué par Paul Dubois dans l'apprentissage de Camille Claudel reste néanmoins méconnu. 

Dans l’atelier de Rodin 

Rodin avait reçu en 1880, de la direction des Beaux-Arts, la commande de la porte du futur musée des Arts décoratifs (La Porte de l’Enfer), qui devait être construit à l’emplacement de la Cour des comptes incendiée pendant la Commune en 1871. Cette commande lui permet de bénéficier d’un atelier au Dépôt des marbres de l’État, rue de l’Université, qu’il conservera toute sa vie, et l’oblige à embaucher des aides et des praticiens, d’autant qu’il obtient bientôt celle des Bourgeois de Calais (commande officielle en janvier 1885). Il travaille également à ce groupe dans son atelier du 117, boulevard de Vaugirard. 
Rodin est séduit par le tempérament fougueux et le talent exceptionnel de sa nouvelle élève. Vers 1884, elle entre dans son atelier comme assistante et devient rapidement sa collaboratrice, sa maîtresse, son modèle et sa muse. Les deux artistes entament une relation fusionnelle et tourmentée qui les marquera à jamais. 
Camille Claudel et Auguste Rodin partagent ateliers et modèles. Ils travaillent en harmonie et s’influencent l’un l’autre, comme en témoigne leur interprétation respective de la Femme accroupie, ou encore la Jeune Fille à la gerbe et Galatée.  
Camille Claudel crée alors intensément et expose ses premiers portraits au Salon des artistes français : Giganti et La Vieille Hélène.