Quatre nouvelles acquisitions au musée Camille Claudel
Quatre œuvres de Camille Claudel récemment acquises sont arrivées au musée de Nogent-sur-Seine le 15 février 2018. Un programme exceptionnel a été proposé au public le samedi 17 et le dimanche 18 février pour découvrir ces acquisitions : l’entrée et les activités étaient gratuites durant ce week-end.
Le 27 novembre 2017, le musée s’est enrichi de quatre nouvelles œuvres de Camille Claudel lors d’une vente aux enchères exceptionnelle : Jeune Romain, Portrait de Louise Claudel, Vieil aveugle chantant, Homme aux bras croisés.
Après avoir été exposées au musée d’Orsay du 9 janvier au 11 février, trois de ces œuvres prendront place dans les salles du musée le 15 février : Portrait de Louise Claudel, œuvre sur papier très fragile, va faire l’objet d’une intervention urgente de restauration avant d’être présenté au public à l’automne.
« Grâce au Département de l’Aube, le magnifique buste polychrome de Paul Claudel intitulé Jeune Romain revient durablement au musée, précise Cécile Bertran, conservatrice en chef du musée. Le portrait de la sœur de l’artiste Louise constitue une acquisition tout aussi exceptionnelle : c’est incontestablement le plus beau dessin de Camille Claudel, dont le style et la maîtrise évoquent le travail d’un Manet ou d’un Toulouse-Lautrec. Enfin, Homme aux bras croisés, petite esquisse en terre cuite puissante et émouvante, s’inscrit dans la séquence consacrée au travail dans l’atelier de Rodin tandis que Tête de vieil aveugle chantant complète la thématique majeure de la représentation du visage et du corps vieillissants. »
Le week-end des 17 et 18 février, les visiteurs ont profiter de l’ensemble des salles pour découvrir les collections et les nouvelles acquisitions, rencontrer la conservatrice pour une discussion autour du pastel, Portrait de Louise Claudel, ou suivre des visites commentées spécialement dédiées aux nouvelles œuvres. Des visites traduites en Langue des signes française ainsi qu’une visite descriptive ont permis à tous les publics d’y accéder. Enfin, un atelier de pratique artistique destiné aux familles s’inspirait d’Homme aux bras croisés pour proposer aux participants de modeler un buste en insistant sur l’expressivité des bras.
Portrait de Louise Claudel, Tête de vieil aveugle chantant, Homme aux bras croisés ont été acquis par la ville de Nogent-sur-Seine avec le soutien de la centrale EDF de Nogent-sur-Seine, de la société Gaget, du cabinet Lenoir et associés architectes, du cabinet Prieur et associés, de l’agence ANAU, de la société Roussey et de l’association des Amis du musée Camille Claudel. Jeune Romain a été acquis par le Département de l’Aube.
Emmanuelle et Véronique Pépin
Le musée Camille Claudel accueille en 2018 les artistes Emmanuelle et Véronique Pépin en résidence de recherche et création. Durant deux mois, elles vont arpenter le musée et ses collections afin de proposer un travail original qui associe la création contemporaine à l’histoire de l’art des XIXe et XXe siècles. Pendant la résidence, des rencontres avec le public invitent à voir les collections autrement.
« En tant qu’artiste invitée au musée Camille Claudel, très touchée par la femme, l’artiste, l’hommage qui lui est rendu dans ce musée, je ne souhaite pas « narrer » au travers de la danse l’histoire de Camille Claudel, ni « raconter » ses œuvres mais laisser émerger l’essence de l’ensemble, en laisser jaillir le geste radical. Et partager cette expérience avec ma sœur, Véronique Pépin, pour mettre en lumière, sous forme de vêtements-sculptures, la relation avec la matière, ici la cire. Nous écouterons ce lieu pendant deux mois. Nous nous laisserons toucher par lui. Chaque jour, chaque nuit, seront un espace pour créer, danser, écrire, composer, inventer, rassembler, partager.» E.P.
Emmanuelle Pépin, artiste-performeuse et chorégraphe, fait partie de la compagnie 7pépinière qui accorde une grande place à l’improvisation, la perception et la pédagogie
Véronique Pépin, artiste plasticienne et poétesse, développe une recherche singulière qui tend à traduire et à moduler l’univers olfactif.
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Vaisselle de La Villeneuve-au-Châtelot
Vaisselle de La Villeneuve-au-Châtelot
Cette marmite tripode et cette louche proviennent du site de La Poterie à La Villeneuve-au-Châtelot, dans le département de l'Aube. Les fouilles qui y ont été menées de 1936 à 1984 avec des interruptions ont permis de dégager 18 fours et de mettre en évidence la présence d’un grand ensemble d'ateliers de potiers gallo-romains, qui s'étendait sur près d'un hectare.
La situation géographique de cet établissement artisanal et commercial lui permettait d’être à la fois proche des matières premières (argile, bois et eau) et des voies de communication (fluviale via la Seine et terrestre grâce à la présence d'une voie romaine).
La production de la Villeneuve-au-Châtelot qui s’étend du Ier au IIe siècle est caractérisée par une argile qui devient, une fois cuite, plus ou moins bleutée avec des craquelures. Il s'agit d'une production de céramiques communes, destinées à un usage quotidien. Le grand nombre de ratés de cuisson trouvés dans des fosses de ce site indique une production relativement importante. Ces ateliers écoulaient leur production en amont et en aval de la Seine, de nombreux exemplaires ayant été trouvés par exemple dans les fouilles de la halle de Troyes.
Racloir double
Racloir double
Ce racloir double a été trouvé en 1936 à Courceroy. Cette découverte a été relayée par Raymond Tomasson, éminent archéologue aubois, qui a contribué à la notoriété de cet objet auprès des préhistoriens. Ses dimensions exceptionnelles en font un exemplaire remarquable.
Cet outil en silex de fabrication probablement locale présente une taille bifaciale. Il témoigne de la maîtrise d’une chaîne opératoire complexe par son créateur. Il est rattaché à l’industrie lithique du Moustérien de type Quina, il aurait donc été fabriqué par un individu appartenant à l'espèce de Néandertal.
Les traces d'utilisation observées sur ses bords ont été interprétées comme des traces de découpe de viande ou de raclage de peaux, d'où l'appellation de racloir double. Cette activité était en effet indispensable au cours du Paléolithique moyen pour assurer la survie des populations de chasseurs cueilleurs qui traversaient ponctuellement nos contrées.
Vase néolithique
Vase néolithique
Ce pot a été trouvé sur le site des Grèves de Frécul à Barbuise. Il s’agit d'un site d'habitat dont le mobilier a été attribué à la culture du Cerny.
Les vases hémisphériques de ce type sont caractéristiques de l‘Est du Bassin parisien. De teinte brun-jaune, ce pot est décoré de multiples impressions verticales sur deux registres. Le décor a été réalisé à main levée, à l’aide d'un outil sur l’argile encore humide avant la cuisson. Les anses horizontales servaient à le suspendre au moyen de cordes dans les habitations ou au-dessus du feu.
Emblématique du Néolithique, la céramique représente une innovation technique et symbolique majeure liée à la sédentarisation. Les vases étaient produits spécifiquement par les populations pour leurs besoins personnels de stockage et de cuisson des aliments. Cet exemplaire est l'un des plus anciens témoignages de la production de céramique dans le Nogentais.
Fibule en bronze
Fibule en bronze
Cette fibule à arc foliacé (en forme de feuille) provient d'une tombe datée de l'âge du Bronze final mise au jour sur le site du Bois Pot-de-Vin à La Saulsotte. Cette tombe fait partie d'un ensemble funéraire remarquable, celui de Barbuise-La Saulsotte. Ce site, identifié depuis 1875, a connu de nombreuses découvertes fortuites et des fouilles sporadiques. Par la suite, dans les années 1990, le Groupe archéologique du Nogentais y a mené des fouilles extensives bien documentées, qui ont permis de mettre en évidence des pratiques funéraires particulièrement complexes probablement centrées autour d’un culte des ancêtres. Le mobilier funéraire accompagnant les défunts était choisi avec soin, les parures en particulier témoignent de la hiérarchisation de cette société. Les fibules à arc foliacé étaient encore rares dans la région à la fin de l'Âge du Bronze. Le décor finement incisé de triangles hachurés et la facture soignée de cet objet sont à souligner. La présence de trois fibules de ce type dans une même tombe, associées à un ornement de chevelure en or, indique probablement le rang du défunt. L’analyse des ossements a révélé qu'il s'agissait d'un jeune homme.
Collier de cardillés
Collier de cardillés
Cette parure imposante a été trouvée sur le site du Bois Baudin à La Saulsotte. Elle provient de la tombe d’un individu qui y a été inhumé il y a 6000 ans, au tout début du Néolithique.
Il appartenait à la culture du Rubané, commune à une grande partie de l’Europe centrale. Les pratiques funéraires de ce groupe étaient caractérisées par des inhumations en position fœtale, avec un apport de pigment ocre sur les défunts. Dans certains cas, des éléments de parures marquant le statut du défunt étaient aussi ensevelis dans la tombe.
Ce pectoral est composé de 174 petites perles rectangulaires, taillées dans des coquillages de la famille des cardiidae, que l'on trouve dans l’océan Atlantique. Cela implique que les habitants du Nogentais avaient déjà des contacts de longue distance depuis la préhistoire.
Les sillons marqués sur les perles ont laissé la trace des liens qui tenaient ce pectoral en place. Ils permettent de savoir que celui-ci a été porté pendant longtemps par son possesseur.
L'étude des restes humains a révélé qu'il s'agissait probablement d'un homme adulte mature. D’autres parures en coquillage ont été trouvées dans le Nogentais mais aucune n’égale celle-ci en nombre de rangées de perles.
Tasse contenant de l'ocre
Tasse contenant de l'ocre
Cette tasse, contenant un pigment ocre, date de la fin de l’Âge du Bronze. Elle a été trouvée sur le site des Grèves de la Villeneuve à Barbuise. Ce site est composé de plus d’une cinquantaine d’enclos circulaires ou allongés, repérés grâce à l’archéologie aérienne.
Cet objet, d’apparence commune, a été utilisé dans le cadre d’un rituel qui consistait à briser volontairement ou lancer au fond de fossés différents objets en terre cuite comme des tasses et des bols contenant de l’ocre, de larges coupes tronconiques ou des éléments en forme de disques et cornes que les chercheurs ont interprété comme des représentations du soleil et de la lune.
Le pigment ocre est un matériau fréquemment associé à des pratiques rituelles depuis la préhistoire. Il s’agit d’une forme d’argile séchée, facile à trouver dans la nature. Tous ces indices portent à croire que le site des Grèves de la Villeneuve ait été le lieu privilégié de pratiques cultuelles complexes.
L’hypothèse de rites de fondation lors de la construction des structures est avancée pour le mobilier mis au jour dans les fossés. Très peu de vestiges ayant été retrouvés en surface, le sens des rites pratiqués sur ce site nous échappe très largement.